Vous pouvez retrouver ce texte dans sa version audio ici Conférence 6
Se Centrer, Arriver
Toutes les conférences commencent par une ou 2 minutes de silence, une occasion pour les participant (es) de se connecter avec ce qui est vivant en eux/elles.
Check in
Je ressens ….. (Voir la liste des sentiments)
Parce que j’ai besoin de…. (Voir la liste des besoins)
Le check in est un moment de chacune des conférences de Thom, une façon pour chacun(e) de répondre à la question Comment est-ce que je vais ? un peu comme prendre conscience de notre météo intérieure.
Aujourd’hui nous allons revoir les leçons des semaines 22 à 25.
Thom : Au début du cours, nous avons parlé de prendre conscience des besoins, même si nous ne savions pas en quoi ça consistait exactement. Et maintenant nous commençons à voir de quoi il s’agit, et nous commençons même à parler dans ce langage. En parlant, nous donnons à nos besoins une visibilité, une place dans le monde. Et c’est là qu’arrive le “gros travail” : autour de ma relation à mes sentiments et ma relation à mes besoins.
C’est à partir de là que je me vois transformer des choses que je faisais depuis si longtemps, depuis toujours il me semble parfois. Je peux faire les choses différemment dans ma vie à partir de cette nouvelle conscience, et à partir de cette nouvelle relation que j’ai avec moi-même.
Et tout ça n’arrive pas en un claquement de doigts : Parfois je fais 2 pas en avant, puis j’ai l’impression d’en faire 3 en arrière ! C’est un processus, un cheminement vers la conscience des besoins et des sentiments. Pour moi, cette prise de conscience s’est déroulée sur plus d’une année entière !
Merci d’être là, de m’aider, de vouloir aussi rendre le monde plus compassionnel.
Semaine 22 – La puissance des remerciements – la gratitude
Thom : Nous allons parler de la différence entre les louanges et l’appréciation. Je veux parler des expressions comme “Merci”, “Bon travail”, “C’est bien”, …
Il y a 2 catégories :
- Première catégorie : Quand j’étais petit et qu’on me disait “c’est bien, tu es un bon garçon”, ça me rendait nerveux : “ok je suis un bon garçon, mais qu’est-ce que j’ai fait qui est “bien”? et que se passera-t-il si un jour je ne suis plus un “bon garçon”? Ces mots étaient pour les gens qui les disaient une manière de me faire faire ce qu’ils voulaient.
- Deuxième catégorie : Parfois, j’ai entendu les mêmes mots, et j’ai senti que j’avais fait quelque chose qui rencontrait leurs besoins, et ils exprimaient qu’ils étaient satisfaits que cela se soit produit.
Ici on va s’intéresser plutôt à la deuxième catégorie, qui est plus reliée à l’énergie de vie. Mais comment faire ? Ce qui va nous aider, c’est d’utiliser notre conscience des besoins :
Observation : Qu’est-ce que cette personne a fait ?
Besoins : Et de quels besoins ça parle ?
Sentiments : Qu’est-ce que ça me fait?
Et nous allons le mettre en pratique de plus en plus dans nos vies, de manière à être de plus en plus connectés à cette énergie de vie.
Le but de ce cours est de développer ces compétences fondamentales, afin de pouvoir les utiliser dans notre vie : c’est là que les choses commencent à changer !
Quand j’étais petit, si je n’avais pas un retour de quelqu’un me disant “c’est bien”, je me demandais si j’étais une bonne personne. Alors qu’en développant cette conscience des besoins, je peux commencer à avoir de l’appréciation pour moi-même. Maintenant je me sens plus connecté à la vie, et je suis reconnaissant pour cela. Ce qui est très différent par rapport au fait de rechercher l’approbation des autres.
Semaine 23 : Excuses ou restauration
Thom : Quand je m’excuse, c’est comme si je me mettais à genoux devant l’autre en disant “je suis désolé, j’ai mal agi, je reconnais que je suis une mauvaise personne donc je suis d’accord avec toi, est-ce qu’on peut passer à autre chose ?” En réalité, j’essaie de restaurer la relation ; mais comment le faire d’une manière plus en lien avec l’énergie de vie ?
La restauration est très différente : car je vais reconnaître que ce que j’ai fait a eu un impact sur l’autre personne, mais je vais aussi reconnaître que cela voulait dire quelque chose pour moi pour rencontrer un de mes besoins.
Et peut-être que j’ai fait quelque chose que j’aurais préféré ne pas faire : c’est le regret. Plutôt que de reconnaître que je suis une mauvaise personne, je vais partager que je regrette d’avoir fait telle ou telle action en sachant que j’ai fait cette action en essayant de prendre soin de mes besoins ET en voyant l’impact que ça a eu sur l’autre.
“Apprendre de nos regrets”, selon l’expression de Marshall Rosenberg : partager à l’autre que si je devais le refaire, je ferais différemment, car je sais maintenant que cela a créé de la douleur chez toi, et que de cette manière ça ne me convient pas non plus. Ce qui est une posture très différente de l’habituel “j’suis vraiment désolé mec” !
Nous vivons dans un monde où le processus habituel, dans de nombreuses familles par exemple, est de prétendre que rien ne s’est passé : cette attitude ne résout rien ! Désormais nous avons les outils, la conscience, pour commencer à transformer nos vies et le monde.
Rappel : il y a peut-être des situations où je ne sens pas la confiance, et ce que je vais dire est peut-être controversé, mais je crois qu’il y a des situations où il vaut mieux qu’il y ait séparation avec une personne. Parfois, couper la relation avec une personne peut être au service de la vie. Il se peut que je sois dans une relation où je ne trouve aucune manière de vivre de la confiance et je peux me retrouver à dire à quelqu’un : ‘je t’aime ET je ne veux plus être en relation avec toi”.
Il peut y avoir des moments dans ma vie où je ne veux pas être en relation avec une personne et je peux me juger sur cela, avec la croyance “je dois bien m’entendre avec tout le monde, je dois être compassionnel avec tout le monde”. Parfois, couper la relation peut être au service de la vie : je ne vais pas détester cette personne, je vais simplement reconnaître que la relation ne fonctionne pas pour moi.
Semaine 24 – Entendre Non avec compassion
Thom : Ici nous allons regarder le sens que nous mettons dans le NON.
Faisons un jeu ensemble : je vais vous dire ce que je croyais que NON signifiait, et vous allez noter dans le chat ce que vous croyiez que NON signifiait. Pour moi, NON signifiait : “tu ne m’aimes pas vraiment”.
Réponses des participants :
- “je m’en fiche de toi, je n’en ai rien à faire de toi”
- “il y a quelque chose qui ne va chez moi”
- “ils ne m’aiment pas”
- “je suis seul.e”
- “je suis nul.le”
- “je n’ai pas ma place dans ce monde”
- “je ne peux compter sur personne”
- “je vais devoir me débrouiller seul.e dans la vie, je ne vais pas survivre”
Dans cette manière habituelle d’entendre le non, je peux avoir l’impression que mes besoins ne seront jamais rencontrés : “J’avais cette idée qui me permettrait de rendre ma vie plus belle, et tu réponds NON, et maintenant rien ne va marcher dans ma vie, et aucun de mes besoins ne sera rencontré !”
Pensons maintenant à ce que sont les besoins : les besoins sont la vie, l’énergie de vie : un être humain sans besoins est un être humain mort. Il n’y a rien de plus important dans notre vie et c’est par les besoins que la vie nous traverse. Alors si je me retrouve en situation de penser que mes besoins ne seront pas rencontrés, c’est rude !
Ici nous avons une alternative en deux parties :
- L’auto-empathie
- La distinction entre les besoins et les stratégies
Quand je reste au niveau des stratégies, et que l’autre répond Non, mon monde s’écroule. Mais ici, je sais que la stratégie est juste un moyen de rencontrer un besoin, et je sais aussi qu’il y a 10 000 manières de rencontrer ce besoin : quand on me répond Non, cela signifie qu’il ne me reste QUE 9 999 manières de rencontrer mon besoin (rires)! Cette conscience retire la pression de moi-même et retire la pression de la personne en face. Et peut-être que je suis quand même déçu.e car c’était une de mes stratégies préférées.
Maintenant revenons à l’idée que “tout ce que nous faisons, nous le faisons pour rencontrer un besoin” : cela signifie que quand l’autre me dit Non, il ou elle est en train de dire OUI à un de ses besoins. Alors oui, je peux être décu.e et je dois penser à une nouvelle stratégie, mais je vois que c’est une manière pour l’autre de prendre soin de ses besoins.
Je peux apporter cette conscience des besoins pour mieux entendre le Non, et aussi pour mieux l’exprimer aux autres.
Jouons à un autre jeu : Imaginons que quelqu’un m’invite à dîner demain soir, et je réponds Non. Quels besoins pourrais-je être en train de rencontrer en disant Non?
Réponses des participant.es : repos, sommeil, ….soin, détente, …
Thom : Et je répondrai alors “Merci pour l’invitation, il y a d’autres choses qui ont plus de sens pour moi, je “passe mon tour” pour cette fois-ci….”
Une de mes expressions préférées est : “battre le fer quand il est FROID”. Ce n’est pas au milieu d’une dispute que je vais pouvoir aller regarder et parler en profondeur, surtout si je suis déjà stimulé. Une des phrases les plus importantes pour moi est de pouvoir dire : “Je ne suis pas prêt à parler de cela maintenant, j’aimerais qu’on en reparle plus tard”.
Semaine 25 : Vivre une vie de compassion
Thom : C’est la moitié du cours et il n’y a pas un nouveau point ici, à part de répondre à la question “Comment mettre tout cela en pratique dans nos vies?”
Regardez les champions olympiques : quand ils ont la médaille d’or autour du cou, ils continuent à pratiquer les mêmes exercices qu’ils faisaient déjà quand ils avaient 5 ans. Ici nous nous entraînons avec des exercices basiques pour renforcer notre lien à nos besoins. Nous pouvons les pratiquer pendant des années, des décennies, et alors ils deviennent de plus en plus faisables.
C’est par la pratique, le fait de répéter, encore et encore, cette pratique que nous pouvons nous mettre davantage en lien avec la vie.
Comme le disait le Dalaï Lama “Rappelle-toi ton humanité” : peu importe ton degré de vie spirituelle, rappelle-toi ton humanité. Il y aura des moments où on va rater, où on ne va pas y arriver. Forcément. Nous allons encore juger. Nous allons nous mettre en colère. Nous allons encore penser “je dois” et nous allons encore penser “je ne dois pas”. Et ça ne veut pas dire que le jeu est terminé. C’est à ces moments que nous allons nous rappeler notre humanité, et ne pas recommencer à nous juger nous-mêmes.
A chaque fois je juge, je peux me demander : “qu’est-ce que c’est ?”. A chaque fois que je pense “je dois” : qu’est-ce que c’est ? A chaque fois que je pense “je ne devrais pas” : qu’est-ce que c’est ?” Et la réponse est TOUJOURS la même : ça parle de mes besoins !
Nous sommes TOUS en train d’essayer de profiter de la vie. Pouvez-vous penser à un seul humain qui n’essaie pas de profiter de la vie?
Nous sommes TOUS en train d’essayer d’éviter la souffrance, tous en tant qu’êtres humains.
Nous voulons tous vivre de l’amour, dans le fait d’aimer et d’être aimé, TOUS.
Nous faisons TOUS l’expérience de la tristesse.
Et j’aime me rappeler cela car ça modifie ma perception de la vie et du monde.
Questions/réponses
- J’observe autour de moi une personne qui est attaquée, et une autre personne qui l’attaque (je ne suis pas mêlée à la situation mais je l’observe). Et je vois que je ressens de la haine pour la personne qui attaque. Alors même que c’est une personne que j’apprécie. Aide-moi avec ça s’il te plaît !
Thom : J’imagine qu’il y a une valeur derrière ça, qu’il y a quelque chose à quoi tu accordes de la valeur ? Sécurité ? Intégrité ? Considération ? Dignité (pour les femmes) ? Je crois que tu peux avoir de la haine pour ce qu’a fait cette personne, sans avoir de haine pour cette personne elle-même. J’imagine aussi que tu peux encore faire de l’exploration de toi-même ? Je devine que ça parle du Prendre soin ? Contribution ? Évolution, dans le sens de réussir à faire quelque chose de ça ?
On peut parler ici de comment on utilise la force, et j’aime le concept d’usage protecteur de la force : “je vais t’empêcher de faire du mal à cette personne, pas parce que je te déteste, mais parce que je veux la protéger”. Je sais que c’est intense, d’imaginer même intervenir physiquement pour protéger quelqu’un. C’est intense.
Je voulais parler de sports, des sports physiques. Nous savons tous que nous avons au fond de nous de l’empathie. Et il y a cette autre chose qui existe : l’antipathie, une certaine joie que nous pouvons ressentir dans la compétition face à un autre. Je vois 2 types d’antipathie :
Type 1 : Football, tennis, golf… On n’essaie pas de faire du mal à l’autre, on est dans une forme de compétition où on veut gagner.
Type 2 : le type d’antipathie dangereux, qui fait mal.
Il y a une grande différence entre ces 2 types d’antipathie. Et le sport peut être une façon de vivre le premier type d’empathie, qui crée du fun et du jeu. Certaines personnes ne ressentent aucun de ces 2 types d’antipathie et c’est ok. Et certains aiment vivre cette forme d’antipathie qui se vit dans la compétition sportive, et c’est ok, ne vous jugez pas pour cela.
- Je ne comprends pas comment je peux être à la fois “entièrement responsable de mes besoins” et à la fois avoir des stratégies qui impliquent les autres, comme s’ils portaient mes besoins également ? Comment articuler les deux ?
Thom : Je peux avoir dans ma vie des gens qui vont me soutenir pour rencontrer mes besoins, et c’est ce qu’on appelle l’amitié. Et ce qu’on fait, c’est qu’on pose beaucoup de questions : “Voilà mes besoins, est-ce que tu veux faire ça ? Non ? Ok, on passe à autre chose…”
Le truc c’est de poser beaucoup de questions, beaucoup de demandes, pour augmenter les chances de trouver quelqu’un qui répondra oui. Et il est important qu’il y ait un échange d’énergie dans une relation. Et je recherche des relations où l’autre a envie de contribuer à rencontrer mes besoins.
- Comment suivre le cours quand on est en dépression ? Je suis sous traitement.
Thom : Une des réponses que je peux donner (qui n’est pas une réponse facile, qui n’est pas la raison parfaite, qui est UNE réponse que je peux te donner) c’est qu’il y a une distinction entre tristesse et dépression. Quand on ne sait pas quels sont nos besoins, on peut tomber facilement dans la dépression.
- Comment s’excuser auprès de quelqu’un quand on sait que ce qu’on a fait a blessé une personne, mais qu’on ne sait pas comment ne pas le reproduire ? Par exemple, un membre de ma famille voit les choses d’une manière, et moi je ne vois pas la même chose. Et je ne sais même pas de quoi il parle parce que je n’ai pas vu les choses sous le même angle.
Thom : Un des besoins les plus sous-estimés est le besoin de compréhension. Je me demande comment comprendre ce qui se passe, ce qui va probablement ouvrir de nouvelles stratégies possibles.
Par exemple, je me sens seul, et je ne veux pas être seul alors je vais faire une demande mais je ne sais pas quelle demande faire pour ne plus me sentir seul.
C’est le moment où je vais à un Café Empathie, ou j’appelle mon pote d’empathie, ou je commence un journal. Pour avoir un nouvel éclairage sur ma situation. Pour mieux comprendre ce qu’il se passe. Et cela va peut-être me guider vers recevoir du soutien. Si je ne sais pas du tout quoi faire, je vais me tourner vers des personnes qui pourront m’apporter du soutien. Est-ce que ça répond à ta question?
Non, pas vraiment. C’est comme si j’étais aveugle, je vois A, ils voient B.
Thom : Alors je vais peut-être aller le leur dire : “Je vois A, tu vois B, et ça me rend folle, est-ce que tu voudrais m’aider ?” Ne restons pas enfermé en nous-mêmes : quand mon cerveau ne peut pas tout comprendre du monde, alors il est merveilleux d’avoir les autres auprès de nous.
Thom : Bon, nous allons arrêter là pour aujourd’hui. Et comme nous avons débordé sur le temps prévu, merci d’être resté.e.s!