Conférence 7 : Janvier 2023

Cours Compassion en français
Thom Bond
Deux robots rouges : l'un donne du soutien de l'empathie à l'autre

Retranscription de la conférence sur la conférence 7 enregistrée par Thom Bond le 9 janvier 2023.

Thom invite tout d’abord à un check-in de quelques minutes puis décide de commencer le partage autour de ce check-in.

Thom : Nous allons commencer avec un temps de Check in, un moment de silence et d’introspection, pour voir ce qui est vivant en soi. Parfois c’est mon moment préféré de la conférence, de (sa)voir ce qui est vivant en vous!

Aujourd’hui nous allons revenir sur les semaines 26 à 29

Après avoir développé notre conscience des besoins et des sentiments, nous avons commencé à l’utiliser dans notre vie, et cela peut changer la manière dont on voit le monde

Nous avons commencé à pratiquer cela et nous arrivons à un moment où on peut se dire : “Attendez, ça ne se passe pas comme je pensais”, ou “J’aimerais aller plus loin, que ça soit plus profond”…. Et c’est exactement ce que nous allons faire jusqu’à la fin de l’année du cours : continuer à pratiquer, à développer notre pratique, à approfondir notre conscience…

Semaine 26 – Y voir plus clair dans les jugements

C’est le moment où on commence à décortiquer tout ce qu’il y a dans la case “Jugements”. Il y a une différence entre les jugements morauxles jugements de valeurs et les évaluations.

Un point important à noter ici : quand nous avons découvert les jugements, beaucoup d’entre nous avons pensé “Les jugements, c’est quelque chose que je ne veux pas faire, ou “je sais que le jugement est mauvais donc je ne veux pas continuer à le faire”. C’est ce que j’appelle le “miroir des jugements”, c’est ironique : je me retrouve à juger le fait que je juge !

C’est une des choses qui m’a choquée quand j’ai rencontré Marshall Rosenberg : il était très ouvert à vivre ces jugements. Et pourquoi cela? Parce que c’était un être humain! Et que cela fait partie de la manière dont nous fonctionnons. 

Que cela vienne de notre naissance ou de notre éducation, peu importe, cela fait partie de ce que nous sommes aujourd’hui. Tout ce que nous faisons, nous le faisons pour rencontrer un besoin, même juger! 

Quand j’observe un jugement en moi, plutôt que de chercher à la faire disparaître, je peux me demander : “De quoi ça parle? Quel est le besoin magnifique qui s’exprime derrière cette forme d’expression tragique?”

Par exemple, face à une enfant de 2 ans qui “fait une crise”, allons-nous lui répondre “arrête ça tout de suite”? Non, nous avons un élan d’aller voir comment il est, de comprendre ce qu’il vit ou de le réconforter. Et nous pouvons faire la même chose envers nous-mêmes : aller voir ce que veut dire ce jugement! Et ça change tout dans ma vie !

1.   Les jugements moraux : Presque tout ce qui arrive de mauvais sur Terre arrive à cause de jugements moraux. Et je dis pas que j’aime les jugements moraux, mais je reconnais leur existence et je vois l’intérêt de leur offrir de l’empathie et d’essayer de deviner quel besoin magnifique se cache derrière.

Il y a de l’or derrière les jugements : laissons-les s’exprimer, sans les prendre pour LA Vérité, mais comme une manière habituelle dont mon cerveau pense les choses. Le jugement moral s’exprime en BON et MAUVAIS, DEVRAIT et NE DEVRAIT PAS. Et j’entends ces jugements à l’intérieur de ma tête, je me les dis à moi-même tous les jours.

    2.    Le jugement de valeur : Par exemple, j’aime la glace au chocolat et pas vraiment la glace à la fraise. Est-ce que cela me pousse à penser que la glace au chocolat est “bonne” et la glace à la fraise est “mauvaise”? Non, je n’en conclus pas que la glace à la fraise est MAUVAISE, ou nocive, j’en conclus que ce n’est pas ma préférence.

        Et pourtant c’est ce que nous faisons dans nos vies. Par exemple, mon amie m’invite à aller voir un film au cinéma, un film où il y aura des scènes de violence. Et ce jour-là, je n’ai pas envie de voir cette violence à l’écran, alors je lui dit “non merci, je n’ai pas envie de voir ce film”. Elle me répond alors “tu fais un jugement!” Comme si je DEVRAIS aller voir ce film plutôt que de le juger car je ne DEVRAIS pas juger” …. Ce à quoi je réponds : Mon corps et mon esprit sont très bons à déterminer ce que j’aime et ce que je n’aime pas”. Je ne dis pas que le film est MAUVAIS, je dis que ça n’est pas pour moi, et que ça peut plaire à d’autres que moi.

        La différence entre les jugements moraux et les jugements de valeur se trouve dans mes sentiments et mes émotions. Quand j’ai un jugement moral, je sens de la tension, et des pensées “je devrais/je devrais pas”. Quand j’ai un jugement de valeur, je sens du soulagement : “merci de me faire sentir ce que j’aime”.

        3.   Les évaluations sont une compétence cognitive du cerveau. 

        4. L’intuition : j’ai mis longtemps à cerner l’intuition car elle m’apparaissait comme un sentiment sans aucune observation, et je me disais que ça ne pouvait pas marcher s’il n’y avait pas l’observation. 

        Maintenant je considère que si j’ai un sentiment/un ressenti, c’est une invitation à aller chercher l’observation. Et en général, je trouve une observation!

        Semaine 27 – Se connecter à l’énergie vitale

        Je me rappelle d’occasion où je voyais vraiment de quel besoin parlait la personne en face de moi, j’ai fait une “empathic guess”, où j’ai deviné son besoin, et l’autre personne a même répondu “oui c’est ça”… Et pourtant, pourtant, c’était comme si quelque chose manquait, de la profondeur, ou de la couleur, ou quelque chose…

        Et c’est un processus, un cheminement : au début, je me connecte peut-être à un niveau intellectuel, puis au fur et à mesure, il y a une autre profondeur qui apparaît. 

        Le travail que nous faisons, l’empathie, va constamment évoluer au fur et à mesure que nous augmentons notre relation aux sentiments et aux besoins. L’empathie que vous offrez aujourd’hui ne sera pas la même empathie que celle que vous offrirez dans un an!

        D’un côté, il y a les sentiments. La base de ce que nous faisons est de sentir nos sentiments. Qui n’a pas entendu “tu es un homme, sois fort” ou “tu es trop émotionnelle” ou “arrête de pleurnicher”? Toutes ces remarques nous ont découragés d’avoir une relation avec nos sentiments. 

            Et pour moi, ça a été très dur, j’ai pu avoir l’impression que j’allais mourir : il s’est avéré que je ne suis pas mort. Quand je ressens mes sentiments, il y a quelque chose qui bouge : une forme de conscience de ce qui remue en moi, et qui est en lien avec mes besoins. A chaque fois qu’on ressent un sentiment, il y a une raison, il y a quelque chose qui remue en moi : un besoin.

            De l’autre côté, il y a les besoins. Et là non plus ce n’est pas forcément évident. Car beaucoup d’entre nous ont appris que “c’est égoïste de s’occuper de soi-même”. En tant qu’humain, nous avons des besoins, mais nous avons souvent du mal à l’accepter, car notre société c’est “mal vu” d’avoir des besoins : on peut avoir l’impression de passer pour égoïste si on parle de nos besoins.

            C’est donc un voyage où nous allons à chaque fois un peu plus longtemps, un peu plus profond… à chaque fois que nous allons dans un univers parallèle des sentiments et des besoins. Et plus j’arrive à me mettre en lien avec mes sentiments et mes besoins et plus je me mets en lien avec moi-même et avec ma vie.

            Et peut-être que nous avons déjà fait l’expérience de nous sentir connectés à nous-mêmes alors que tout allait bien : ici nous aurons la possibilité de rester connectés à nous-même même quand tout va mal! Simplement rester en lien avec notre propre vie, même quand “tout est horrible” : c’est l’expérience du deuil. 

            Faire le deuil. 

            Je sais qu’il y avait quelque chose de beau là, et il me manque l’expérience de ce qui était beau dans cela. C’est une manière de mettre du sens sur notre tristesse. C’est de la tristesse, et non pas de la colère car la colère vient d’une pensée que “cela ne devrait être en train de se passer”. 

            Faire le deuil nous permet de nous mettre en lien avec la tristesse, voir le désespoir; mais pas la colère, qui est complètement autre chose. Si je suis triste, c’est que j’aimerais vivre quelque chose et que je ne suis pas en train de le vivre. Faire le deuil a du sens, même si ce n’est pas forcément agréable à traverser.

            Pour un être humain, il y a 3 manières d’incarner un besoin :

            • Se souvenir d’un moment où ce besoin où ce besoin était rencontré : prenez un instant pour vous souvenir d’un moment dans votre vie où votre besoin de soutien était rencontré
            • Observer : en ce moment, le soutien est rencontré dans votre vie. Il y a 1000 moyens de vivre du soutien, en ce moment même. Je vous vois, avec un toit au-dessus de vos têtes, avec un ordinateur, et internet qui nous relie…. Je parie que personne d’entre nous, ici présents, n’a réellement soif, car nous avons de l’eau. Et j’imagine que presque personne d’entre nous n’a réellement faim, car nous avons de quoi manger. C’est partout autour de nous : la Terre est suffisamment chaude pour que nous puissions y vivre, elle est inclinée juste au bon angle pour que nous puissions y vivre. Et plus on voit nos besoins rencontrés à chaque instant, plus la vie devient merveilleuse!
            • Imaginer : si je peux l’imaginer, alors que je peux commencer à le manifester. C’est un super pouvoir que nous avons : ce que nous pouvons imaginer, nous pouvons le faire devenir réalité!

            Semaine 28 : Le tissage des besoins

            Souvent, cela peut être dur à comprendre : parfois, certains besoins sont des stratégies pour rencontrer d’autres besoins. 

            Par exemple, si je m’offre de l’auto-empathie : “Je me sens seul, tellement seul.. Qu’est-ce que j’aimerais vivre? Peut-être que j’aimerais vivre plus de camaraderie. Cool, j’ai trouvé mon besoin! Mais je n’ai aucune idée de ce que je vais pouvoir faire avec ça!”. ..

            Dans ce cas, c’est peut-être la preuve que je n’ai pas terminé le processus. J’ai trouvé un besoins, mais je ne ressens pas vraiment l’effet renversant quand c’est vraiment LE besoin!

            Quand j’ai rencontré un besoin, mais que je n’ai aucune idée de ce que je pourrais faire, c’est souvent qu’il y a un autre besoin dont je n’ai pas encore conscience. Dans mon exemple : ‘je veux vivre de la camaraderie, mais je ne sais pas comment faire”. Donc il y a un autre besoin : ici le besoin serait « trouver la ressource ».

            Que j’observe mes besoins seul, ou avec de l’écoute d’une autre personne (ce que je vous encourage toujours à vivre), je peux voir cette continuité entre différents besoins en moi, comme un chemin à dérouler de besoin en besoin. 

            Et ce chemin, qui apparaît d’un besoin à un autre, je ne pouvais pas l’imaginer avant, je n’aurais jamais pu le trouver simplement avec mes pensées, parce que je n’avais pas la clarté des besoins nécessaire pour trouver ce chemin.

            C’est ce que j’appelle le tissage des besoins : par exemple, si je trouve que je veux contribuer dans le monde et si je décide de devenir médecin en Afrique, cela va impliquer une série de besoins que je vais devoir rencontrer pour atteindre cet objectif.

            Semaine 29 : Se connecter à soi-même

            Si vous avez déjà assisté à mes conférences, vous connaissez ma phrase préférée : 

            “Qu’est-ce que c’est?”

            “Qu’est-ce qui est vivant en moi?”

            Et il n’y a qu’une réponse : ça vient de mes besoins! 

            Si je suis triste, ça parle de mes besoins; 

            Si je suis dans le jugement, ça parle de mes besoins; 

            Si je suis en colère, ça parle de mes besoins;

            Si je suis joyeux, ça parle de mes besoins en célébration.

            Donc quand je suis en lien avec mes besoins, je suis plus en lien avec ma vie. Et une manière dont j’aime faire ça, c’est de me poser cette simple question : “qu’est-ce que c’est? qu’est-ce qu’il se passe en moi?”. Et l’avantage, c’est que je connais déjà la réponse! Et le truc, ce n’est pas de répondre à la question : le truc c’est déjà simplement de me poser la question.

            Je reprends l’exemple de mon ami, que j’aurais pu, à un moment donné, trouver “ennuyeux”. Si je pense que quelqu’un est ennuyeux, est-ce que cela est fondé sur mes besoins? Non, du moins pas encore : c’est centré sur le fait que cette personne est ennuyeuse.

            Alors que si je me demande : “qu’est-ce que je ressens?”, je vois que je suis un peu anxieux. Alors je me concentre sur cela : “qu’est-ce que c’est? …. qu’est-ce que ça veut dire? …” 

            Cela veut peut-être dire que j’aimerais vivre plus de stimulation, ou d’engagement, ou plus de connexion. Là, j’ai trouvé ma réponse : au lieu de me concentrer sur la personne “ennuyeuse”, je peux me concentrer sur “comment rendre ma vie plus belle?”

            Et c’est à partir de cette conscience que je me rapproche de ce dont on va parler de plus en plus dans les prochaines semaines : faire des demandes. Les demandes, c’est ce que je peux faire pour rencontrer davantage mes besoins.

            Plutôt que de rester avec une personne “ennuyeuse” :

            •   Je pourrais me faire la demande de partir;
            •  Ou je pourrais dire : “Écoute, je ne suis pas dans cette conversation, est-ce que ça te dirait de parler d’autre chose?”;
            •  Ou je pourrais poser une question qui rendrait cette conversation plus intéressante pour moi : “comment c’était pour toi de vivre ça?”

            Quelle que soit la meilleure manière pour moi de devenir mon “meilleur ami”, de prendre soin de moi et de mes besoins. C’est comme ça que je vois la connexion à soi : une manière d’être mon ou meilleur ami.


            Nous arrivons à la fin de cette retranscription de la conférence où Thom Bond a repris les points essentiels des semaines 26 à 29.

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