CONFERENCE 8 du 13 février 2023
Vous pouvez retrouver ce texte dans sa version audio ici
Après le check in et le partage d’informations pertinentes pour le cours en anglais, Thom présente le thème de cette conférence :
Comment notre façon de penser nous transforme-t-elle?
- Par exemple, dans l’un des partages pendant le check-in, quelqu’un indiquait avoir été la victime d’une fraude et au lieu de blâmer le fraudeur et elle-même, elle a pu grâce à une session d’auto-empathie accepter qu’elle était humaine, prône à l’erreur, et qu’elle pouvait apprendre de cette erreur. En plus de prendre des mesures pratiques avec sa banque pour limiter le risque financier, en transformant sa façon de penser, elle a évité de tomber dans le statut de victime qui se contente de blâmer le fraudeur.
- Quand quelque chose de négatif nous arrive, nous pouvons faire quelque chose de différent, en dehors du blâme et de la honte ; nous avons d’autres options, d’autres perspectives que nous pouvons envisager. C’est un peu comme avoir accès à un univers parallèle où nous pouvons prendre un peu de recul et observer ce qui se passe pour nous avec un regard différent, un regard centré sur nos besoins, et cela nous permet de changer nos pensées sur ce qui nous arrive, au lieu d’être fixé sur « l’autre » et ce qu’il nous a fait.
Dans les semaines qui viennent, nous entamerons l’étude de la colère : c’est un sujet intense, basé sur le travail que nous avons fait sur les besoins et sur cette façon de penser différemment quand les choses ne vont pas dans le sens que nous souhaiterions.
L’effet de la colère dans notre vie quotidienne et dans la société est tout simplement dévastateur. Trouver une façon de fonctionner avec tous nos besoins non satisfaits est la raison pour laquelle nous étudions l’auto-empathie, l’empathie pour les autres, la traduction des jugements, le ressenti physique de nos besoins et de nos émotions et c’est comme cela que nous pouvons faire une différence dans nos vies et celles des autres.
SEMAINE 30
APPRÉCIER LA DOULEUR
C’est un concept à première vue bizarre que promouvait Marshall Rosenberg. La douleur peut nous aider à vivre une vie meilleure. C’est une expérience dont nous pouvons bénéficier, si nous acceptons le concept qu’elle porte en elle un message pour nous. Quand nous disons que nos émotions sont des messages, c’est ce que cela veut dire, la douleur porte en elle un message, à condition que nous comprenions son langage, autrement c’est seulement quelque chose qui nous fait mal, sans utilité pour nous.
Prenons l’exemple d’une de mes amies qui était super en colère contre son patron, mais qui a pu transformer cette colère en douleur, dénuée de jugement et de blâme et ce changement de perspective lui a permis de se focaliser sur sa douleur plutôt que sur l’attitude de son patron. Cette bascule de la colère, des jugements vers la douleur conduit à se focaliser sur l’auto-empathie pour prendre soin de ses besoins.
La douleur n’est pas notre ennemie, elle fait partie intégrante de notre vie. Si vous éliminez la douleur de votre vie, si vous évitez de la ressentir en vous focalisant sur la colère, les jugements, le blâme, vous vous coupez tout simplement de la vie. La douleur est faite pour nous rendre plus conscients de nos besoins.
La douleur est réellement notre amie. Prenons l’exemple du « tuyau brûlant »: Vous êtes en train de parler avec un ami et posez votre main sur un tuyau brûlant. Est-ce que vous voulez ressentir la douleur provoquée par la chaleur sur votre main? Bien sûr que oui, c’est la douleur qui vous évite une brûlure au second degré.
SEMAINE 31
DÉPLACEMENT OU COMPROMIS
Le mot déplacement (shift en anglais) est compris ici dans le sens d’une transformation obtenue par le déplacement de notre perspective. Cela veut simplement dire que nous comprenons les choses différemment.
Par exemple, c’est passer de la perspective: « tu as fait quelque chose de mal, je suis la victime » à « Qu’est-ce qui se passe en moi? pourquoi est-ce que cette situation me fait mal? Qu’est-ce que je peux faire pour contribuer plus à ma vie? » Pour en arriver là nous avons besoin de comprendre les besoins, nos besoins et ceux des autres. Cela ouvre la communication à un niveau qui n’existait pas auparavant.
En fait, la raison pour laquelle nous utilisons encore les compromis est simplement que nous n’avons pas l’expertise de ce déplacement de la perspective qui nous permettrait de satisfaire à la fois nos besoins et ceux des autres, et pour fonctionner, nous nous rabattons sur le compromis: nous coupons la poire en 2 et tout le monde sera (mé)content.
Ce déplacement n’est pas quelque chose qui se met en place en une fois pour tout ce qui nous arrive dans la vie; c’est une expertise qui se développe et nous aurons besoin de recourir à des compromis en parallèle à ce travail de développement. Pour ouvrir la porte à ce déplacement, lorsque nous sommes confrontés à des situations de conflit, nous pouvons introduire l’auto-empathie et l’empathie pour l’autre et observer ce qui se passe. Cette approche nous permet de considérer nos besoins et ceux de l’autre, au lieu des méthodes traditionnelles de jugement suivies parfois par un compromis. Littéralement nous changeons notre façon de penser.
La question : What is that? en anglais, Qu’est ce que c’est, qu’est ce qui se passe? est utile, parce qu’elle nous oriente vers nos besoins.
Je suis en colère, qu’est-ce qui se passe ? Ce sont mes besoins qui souhaitent être pris en compte. Je ressens de la douleur, qu’est-ce qui se passe ? Ce sont mes besoins qui souhaitent être pris en compte.
La curiosité fait partie intégrante de ce déplacement de perspective : Quels sont les besoins que cette personne essaie de nourrir en agissant ainsi ? Peut-être que chacun essaie simplement de faire du mieux possible et bien sûr cela peut faire mal, mais grâce à cette curiosité, à cette conscience, je peux me poser la question : Qu’est-ce qui se passe ? pour moi et pour l’autre. Comment est-ce que je peux aller vers l’avant ?
Bien sûr, il y a des degrés différents de difficulté en fonction des circonstances. Pouvons-nous avoir de l’empathie pour Hitler ? Cela paraît difficile, et il est probablement préférable de commencer avec des sujets plus légers, mais, de fait, on peut avoir de l’empathie pour tous les êtres humains.
SEMAINE 32
STIMULUS PLUTÔT QUE CAUSE
Les gens ne sont pas la cause de ma souffrance, mes besoins sont responsables de ma souffrance. Les gens ne font que la stimuler en moi. (Marshall Rosenberg). Les gens font quelque chose qui crée une situation de besoins non satisfaits et ce sont ces besoins non satisfaits qui sont responsables de ma douleur. Cause versus Stimulus : tout est là et c’est cette différenciation qui crée l’opportunité d’une vie plus vivante.
Cela étant dit, il est tout à fait possible d’argumenter que les gens sont responsables de votre souffrance : Si quelqu’un me frappe avec une massue, vous pourriez dire que cette personne est responsable de ma souffrance. C’est une façon rationnelle de penser. Ce que cela implique cependant est que cela rend ma relation future avec cette personne plus difficile. Si je peux imaginer un petit espace pour séparer son action de ma souffrance en introduisant la notion de mes besoins, alors peut-être ce sont mes besoins insatisfaits, pas son action qui sont responsables de ma souffrance, même si l’action de l’autre a stimulé cette souffrance. La personne qui stimule notre souffrance, en fait, nous rappelle que nous avons des besoins et comme je dis souvent : Les personnes qui nous rappellent que nous avons des besoins sont rarement ceux qui les satisfont.
Je peux détourner mon attention de ce que tu as fait de mal envers moi pour la tourner vers mes besoins insatisfaits et c’est tout le concept de cette discussion. En fait, cela n’a rien à voir avec le bien, le mal ou même la vérité, c’est vraiment : Comment est-ce que je veux penser?
Un autre exemple pour illustrer ce concept : J’avais l’habitude de retrouver mon frère pour déjeuner et il était toujours en retard et chaque fois, je me focalisais sur son retard et cela me mettait en colère à tel point que cela gâtait notre rencontre. Chaque fois, il s’excusait mais il recommençait la fois suivante. Puis un jour, il m’est apparu que ce n’était pas son retard, mais mes besoins (besoin de productivité par exemple) qui étaient responsables de ma colère. Tant que mon attention était centrée sur mon frère, j’étais dans un cercle vicieux, mais quand je me suis centré sur mes besoins, j’ai créé une ouverture pour penser différemment et trouver des stratégies pour satisfaire mes besoins indépendamment des actions de mon frère.
SEMAINE 33
COMPRENDRE LA COLÈRE
Je pense que la colère est le problème le plus répandu parmi les humains et que tous les autres problèmes sur cette planète proviennent de la colère, en créant des images ennemies d’autres êtres humains.
Quand je suis en colère, il se passe 3 choses :
1 – J’ai des besoins insatisfaits
2 – Je suis dans un mode de pensée « devrait ou ne devrait pas » (should/should not)
3 – Je vais probablement dire ou faire quelque chose qui, de façon certaine, ne satisfera pas mes besoins.
Nous avons maintenant acquis une expertise sur les besoins et sur les modes de pensée « devrait ou ne devrait pas » qui nous permet de traiter la colère d’une façon différente, et il peut en résulter une transformation massive de la façon dont nous interagissons comme humains sur cette terre.
Si l’on déconstruit la colère et que l’on identifie les besoins insatisfaits et les modes de pensée de type « devrait ou devrait pas », on peut traduire ce mode de pensée en une conscience de ce que l’on voudrait ressentir plus souvent dans la vie, c’est-à-dire nos besoins satisfaits. En traduisant nos jugements, nous pouvons nous focaliser sur nos besoins, et entrer dans un espace différent, pas centré sur ce que l’autre a fait de mal mais sur ce que je peux faire pour satisfaire mes besoins.
SEMAINE 34
RÉCEPTIF PLUTÔT QUE RESPONSABLE
C’est la dynamique que nous vivons tous au jour le jour : Comment est-ce que nous réagissons aux émotions des autres ? Souvent nous nous sentons responsables. Tu me dis : tu m‘as mis en colère (au lieu de je me sens en colère) et immédiatement nous pensons que si tu es en colère, je dois avoir fait quelque chose de mal, je suis responsable de ta colère.
Nous pourrions voir les choses différemment : par exemple, si j’essayais simplement d’être réceptif et non pas responsable des sentiments de l’autre.
Par exemple, je pourrais dire : c’est ta colère, pas la mienne, ton problème, pas le mien. C’est ce que Marshall appelle le stade arrogant de l’apprentissage, probablement pas une façon de rendre le monde plus agréable à vivre.
Mais entre se sentir responsable et ne pas se sentir concerné du tout, on peut être réceptif à l’autre. Ce qu’il ressent a un effet sur moi ; j’ai des besoins de connexion, de compassion et quand je te vois comme ça, je suis inquiet, mais je ne me sens pas responsable de ce que tu ressens. Je réagis avec ce qui se passe en moi. Je pense que tu dois ressentir de la souffrance et j’aimerais t’aider si je peux. Je ne t’ai pas « mis en colère », mais je me sens réceptif à ton sentiment de colère (dont tu es responsable, pas moi) et j’aimerais t’aider si je peux, et non pas parce que je suis responsable de ta colère.
La même chose avec le « tu me rends heureux ». Si je te rends heureux, cela signifie que je suis responsable de ton bonheur, alors que toi seul peux être responsable de ton bonheur.
QUESTIONS – RÉPONSES
Magdalini : Je comprends que la colère peut être destructive, mais elle m’aide à être plus décisive, à montrer l’impact d’une situation dans ma vie, que ceux responsables de la situation n’avaient peut-être pas perçu.
Thom : C’est vrai, mais c’est un équilibre, il y a un aspect positif où la colère est bénéfique mais il y a souvent des alternatives plus positives à la colère. Marshall Rosenberg racontait l’anecdote de quelqu’un qui lui disait : Vous savez, quand j’étais enfant, si je n’avais pas de bonnes notes à l’école, mes parents me battaient et regardez, cela m’a aidé à devenir qui je suis et Marshall disait, oui peut-être, mais cela ne veut pas dire qu’ils avaient besoin de vous battre. De la même façon, on n’a pas toujours besoin de la colère pour obtenir les effets positifs de la colère. Et c’est ce qui m’amène à parler de « hurler en mode girafe » ou de « crier en mode compassion » dans les semaines qui suivent ; c’est une approche où l’on traite ses émotions avant de les partager, plutôt que de s’exprimer en mode chacal.
L’idée n’est pas de supprimer les jugements ou la colère, mais de les traduire en besoins non comblés. On peut aussi laisser éclater la colère et les jugements et les partager avec les autres sans traitement ou traduction préalable, mais c’est habituellement une recette pour se déconnecter des autres, alors que le travail qui consiste à ralentir, se connecter à ses émotions, traduire les jugements avant de les partager en mode « hurlement girafe » permet la connection à l’autre et à soi-même.
Tammy et Kim : Quel est le rôle de l’empathie quand vous êtes en présence de quelqu’un qui se complait dans le blâme, le jugement, pas forcément en rapport avec vous, mais qui passe son temps à critiquer et être négatif. Mon inclinaison initiale serait de répondre avec empathie, mais l’empathie renforce la tendance négative à se sentir comme victime, et je ressens le besoin de prendre mes distances avec ces personnes, et je ne sais pas comment m’y prendre
Thom : Intéressante question. Tout est une question de choix, mais commençons par le début : tout commence par l’auto-empathie, incluant mon désir d’apprécier le moment. Quel genre de connexion est-ce que je veux avoir avec cette personne ? Il se peut que je ne souhaite pas avoir de relation avec cette personne, aussi simple que cela. Mais il se peut que ce soit quelqu’un de ma famille, quelqu’un qui est dans ma vie ou avec qui je voudrais tenter d’avoir une connexion. Beaucoup de gens qui se plaignent n’ont jamais reçu d’empathie, et c’est pour cela qu’ils se plaignent. Et ce n’est pas mon devoir, mais ce peut être mon choix de leur donner de l’empathie quand ils se plaignent, sans attente particulière. Certaines personnes n’ont besoin que de 30 secondes d’empathie et cela leur suffit, d’autres auront besoin de plusieurs années d’empathie, et d’autres ne recevront jamais assez d’empathie pour se transformer. C’est pourquoi je dis toujours, commencez par l’auto-empathie : qu’est-ce que je veux faire dans cette situation ; c’est un choix : qu’est-ce qui se passe pour moi quand je considère leur situation ?
Doreen : Je me demande, Tammy, quand vous offrez de l’empathie, si vous pourriez offrir de l’empathie sur des besoins spécifiques, par exemple : peut-être que vous aimeriez avoir plus de partenariat dans cette situation ; peut-être deviner les besoins de l’autre personne, pour l’aider à identifier ses besoins.
Thom : ll y a une autre chose que nous pouvons faire, c’est donner de l’empathie avec jugement. C’est juger avec l’autre, au lieu de simplement donner de l’empathie. Il y a des cas où cela peut être la façon la plus efficace pour créer une connexion. Si je veux me connecter avec une personne, je peux me connecter avec leur chacal.
Antonio : Vous pouvez commencer par vous donner de l’empathie, et parfois, il devient clair que donner de l’empathie à l’autre n’est pas ce que vous voulez faire à ce moment et cette clarté est très importante.
Thom : C’est tout à fait vrai. L’une de mes citations favorites est celle-ci : se connecter à quelqu’un d’autre n’est pas nécessairement une connexion pour la vie.
Jenny : je suis en deuil. Ma mère est morte il y a une semaine, je suis l’exécutrice de la succession. Je n’ai aucune idée de ce que je dois faire. Mon problème est avec ma sœur aînée qui est compétitive avec moi ; j’essaie de faire de mon mieux pour lui faire faire des choses simples qui sont nécessaires et je dois endurer ses commentaires négatifs, sa colère. Je me sens super frustrée. Non seulement je dois faire tout le travail, mais en plus ils font constamment de l’obstruction et en plus je fais tout cela sans être rémunérée, parce qu’ils n’ont pas d’argent et je ne peux pas facturer les 3 ou 5% qui sont habituellement donnés à l’exécuteur d’un testament. En plus, au même moment, j’essaie aussi de faire le deuil de ma mère. Grâce à ce cours, je peux me donner de l’auto-empathie et j’écris fébrilement dans mon journal, mais c’est vraiment chaotique. Quand je m’assois avec ma sœur et que je la félicite pour les petites choses qu’elle fait, cela sonne faux. Je suis frustrée, je suis impopulaire avec mes frères et sœurs parce que je veux régler la succession, je me sens aussi coupable parce que je n’arrive pas à gérer la situation de façon paisible comme quelqu’un plus expérimenté en CNV pourrait le faire.
Thom : D’abord, ce que tu fais représente beaucoup de travail. C’est le premier point qu’il faut reconnaître. C’est le genre de situation que je qualifie de problème « poids lourd ». D’accord ?
Jenny : On est dans une situation où tous les membres de la famille ont des habitudes tellement ancrées dans le passé, on a une maison à vendre avec des problèmes de fosse septique parce que la maison a été construite en 1850, aucun de mes frères et sœurs n’a jamais vendu de maison, mais ils argumentent constamment avec moi.
Thom : Oui c’est une situation difficile. J’imagine que tu veux vraiment bien t’entendre avec ta fratrie, c’est ton choix : tu veux une connexion avec eux. Une chose que tu pourrais faire est leur demander leurs observations et aussi comment tu peux les aider. Tu peux les écouter. On dit qu’il n’y a pas de mots chacal, il n’y a que des oreilles chacal. Ce que je veux dire est que tu as le choix d’entendre ce que tu veux de leurs récriminations : Tu peux entendre que tu es autoritaire, ou tu peux entendre qu’ils souffrent de ne pas avoir beaucoup de contrôle dans leur vie. Tu comprends ce que je veux dire : tu peux entendre leur douleur au lieu de leurs récriminations. Je n’ai jamais rencontré quelqu’un qui disait quelque chose de blessant qui n’était pas dans la souffrance. Si tu prends cette approche, c’est par choix mais pas par obligation. Tu peux aussi être curieuse par rapport à leur souffrance. Et c’est difficile bien sûr parce que tout le blâme, les jugements et les critiques qu’ils expriment n’ont rien à voir avec toi, mais tout à voir avec leur souffrance.
Qu’est-ce que tu en penses ? Tu peux penser qu’ils sont égoïstes, mesquins, ou tu peux penser qu’ils souffrent. Toi aussi tu souffres ; tu veux qu’ils se connectent avec toi, qu’ils t’aiment et qu’ils approuvent ce que tu essaies de faire et, pour cela, tu as besoin d’auto-empathie qui va t’aider à choisir les pensées qui vont guider ta conduite en te focalisant sur leurs paroles et actions ou sur leur douleur et la tienne. Je veux aussi ajouter un mot sur la vulnérabilité : cela consiste à prendre le risque, par exemple, de dire : je voudrais vraiment que tout le monde soit en harmonie, que les choses soient simples entre nous, mais je ne sais pas comment y arriver en ce moment. Je suis comme une enfant qui souffre et qui a mal. Ce type de langage part de nos émotions et nos besoins et requiert que nous soyons capables de nous exprimer à partir de cet espace.
Pour ce qui est du deuil, quoi qu’il arrive, nous allons faire l’expérience de la douleur et, dans cette situation, la meilleure chose à faire est d’accepter cette expérience de la douleur, ressentir la douleur, faire le deuil de ce besoin que j’aurais voulu satisfaire. Jenny, quand tu décris que tu voudrais une connexion, l’approbation de tes frères et sœurs, tu parles de besoins non satisfaits, et ce sont ces besoins qu’il faut pleurer, dont il faut faire le deuil. Et l’auto-empathie te donne l’espace pour faire des choix.
Elisabeth : Nous sommes dans une situation très difficile avec des implications légales qui créent un énorme stress dans la famille et particulièrement pour moi la mère de famille. Nos enfants vont à l’école à la maison et dans ce cadre, nous avons une adolescente de 13 ans qui veut prendre ses propres décisions, et en fait veut simplement passer la journée devant son écran, alors que je dois prouver que ses résultats scolaires dans le cadre de l’école à la maison sont suffisants. Elle ressent beaucoup de colère vis a vis de nous et nous sommes constamment en conflit avec elle. Je me sens tiraillée entre mes conflits avec elle et mes responsabilités. Je ne sais pas comment maintenir la connexion avec elle, lui procurer de l’empathie alors que je me noie dans le stress.
Thom : C’est un cas super complexe, et pour moi un projet énorme d’auto-empathie pour que tu saches clairement qui tu es pour que tu sois sûre de ce qui est important pour toi et de tes besoins prioritaires. Seulement à ce moment-là tu peux essayer de renouer le dialogue, mais dans le sens où tu es réceptive à la situation, pas responsable de la situation ou de ses actions. Tu pourrais dire : Écoute, je t’aime quoi qu’il arrive. Tu vas faire ce que tu vas faire, mais je ne vais pas prendre la responsabilité de tes actions et de leurs conséquences. Évidemment tu vas utiliser tes propres mots, mais ce qui est important, c’est de rester fidèle à qui tu es et centrée sur tes besoins.
Marie : quand je suis dans une situation où l’autre est vraiment en colère, je suis terrorisée et paralysée par la peur, et plus rien ne compte que ma peur physique.
Thom : Rien de plus naturel, la colère engendre la peur et notre corps déclenche les signaux d’alarme qui peuvent se traduire par s’enfuir, se battre ou être immobilisé par la peur. Ce n’est pas une anomalie, mais ce serait bien de trouver un moyen de gérer ce genre de situations. Moi-même, pendant des années, j’avais les mêmes réactions quand les gens se mettaient en colère contre moi et la façon dont j’ai pu modifier mon comportement est en pratiquant dans des situations simulées jusqu’à ce que je sois confortable ; j’ai appris peu à peu à entendre la colère, je peux faire face à toutes les situations. Si tu me dis : Thom, tu n’es qu’une fanfaron, je réponds, j’entends que peut-être tu aimerais plus de mutualité dans notre relation ; si tu me dis : tu n’es qu’un égoïste, je réponds, j’entends que tu voudrais plus de considération. Quels que soient les critiques et jugements qui me sont portés, cela n’a pas d’importance parce que je suis complètement centré sur l’autre, sur sa douleur et ses besoins non comblés et je fais cela parce que je le veux et non pas parce que je dois le faire.
Ainsi se termine cette conférence.