Conférence Bonus : Empathie

Cours de Compassion en français
Thom Bond
Deux ours en peluche de dons avec ciel bleu et nuage et herbe verte qui se donnent de l'empathie et du soutien

Vous pouvez retrouver ce texte dans sa version audio ici.

Comme d’habitude, la conférence commence par un check-in, une vérification de la météo intérieure, pendant quelques minutes.

Puis l’on passe aux témoignages.

Témoignages

Vos enseignements m’aident beaucoup. Je suis bipolaire et j’utilise ces enseignements pour un groupe d’échanges de personnes ayant des maladies mentales. Est-ce que c’est OK pour vous ?

Thom : oui bien sûr, ces enseignements, cette capacité d’être mieux connecté, peuvent être appliqués à tous les domaines de la vie.

J’ai beaucoup de gratitude, car vos enseignements m’aident à être moins dans ma tête, à être mieux connectée à mon cœur, plutôt qu’à mes jugements, ou à vouloir changer les autres, et cela m’aide à être plus heureuse.

Thom : oui. Je voudrais ajouter qu’il ne faudrait cependant pas penser que ma tête est mon ennemi. Ma tête est partie de nous aussi.

Je fais ce cours pour la quatrième fois. A chaque fois, je découvre de nouvelles choses, et je trouve de plus en plus d’authenticité avec moi-même.

Thom : oui, moi aussi je continue à pratiquer, alors même que j’ai écrit ces cours! C’est qu’à chaque fois que nous pratiquons, nous pouvons approfondir nos compétences.

J’ai perdu récemment ma meilleure amie, cela a été très dur. Mais j’ai aussi découvert l’importance de laisser de l’espace dans les relations avec les autres.

Thom : oui, vous me rappelez qu’il est important de se connecter à la vie, mais que cela ne passe pas nécessairement par une relation en particulier. Maintenant j’essaie de voir aussi que, derrière chaque relation, c’est une connexion à la vie, et cela m’apporte beaucoup.

Je participe au cours depuis quatre ans, et depuis un an comme animateur. Cela m’a aidé beaucoup à grandir, à mieux sentir mes sentiments.

Thom : oui, mieux sentir ses émotions est une compétence importante à travailler.

Les commentaires de Thom sur la notion d’empathie :

Qu’est-ce que l’empathie ? 

On peut trouver de nombreuses définitions.

Pour moi cela veut dire : se connecter, comprendre, interagir avec l’énergie de vie chez nous et chez les autres. L’énergie de vie veut dire juste : sentir ses besoins. Cela semble simple, mais c’est très profond. Nous essayons d’utiliser les informations que nous donne notre corps et de notre esprit pour avoir une vie plus merveilleuse.

Partager de l’empathie avec quelqu’un c’est entrer dans son monde de besoins et d’émotions et les voir, en être témoin, s’y connecter ; pas les expérimenter, mais s’y relier. Ce n’est pas quelque chose qu’il faut faire : c’est une pratique qui est disponible, et qui peut nous aider comme humains.

Dans le cours, nous essayons de mieux voir, comprendre et parler de nos besoins et émotions. Souvent, quand c’est difficile, c’est que nous avons une relation difficile avec eux. Souvent la première étape est donc d’expérimenter ce que nous ressentons.

Pourquoi se limiter aux besoins et aux émotions ? 

Parce que, comme M. Rosemberg nous l’a enseigné, ces deux notions peuvent tout changer.

Si c’est difficile pour vous de donner de l’empathie : bienvenu au club ! Cela peut être difficile, car nous n’y sommes pas habitués. Et aussi quand notre réservoir d’empathie est vide. C’est pourquoi c’est si important de vérifier en nous si nous en sommes capables à un moment donné. Si on sent que c’est dur, c’est sans doute que nous en avons vraiment besoin nous-même.

Cette pratique de l’empathie peut paraître bizarre. On peut avoir l’impression d’être à la maternelle. Et cela continuera comme ça pendant des années, car c’est une pratique qui nécessite des années, voire toute une vie. C’est utile d’avoir en tête que pour tout le monde, commencer ce cours sera bizarre, pour y prêter attention et aider chacun à passer à travers cette étape. Nous allons aussi vous aider dans le processus pour trouver un copain d’empathie.

Être attentif à son réservoir d’empathie, et avoir une hygiène de l’empathie est essentiel. On me demande parfois : Thom, est-ce que tu acceptes facilement la critique ? Je réponds : quand ? Certains jours oui, d’autres je suis très vulnérable, selon mes réserves d’empathie.

Voici trois idées que je vous propose :

– quand nous avons ces échanges d’empathie, qu’est ce que j’essaie de faire ? cela vient d’une curiosité et l’objectif est de comprendre par où passe l’autre : et absolument rien d’autre !

– sommes-nous présents à ce que dit l’autre ? ou sommes-nous en train de penser à autre chose, ou à ce que nous allons dire après ? Ce qui est important est ce que ressent l’autre, pas l’histoire. D’autant qu’on ne peut pas savoir comment l’histoire va être reçue par l’autre.

– focaliser seulement sur les émotions et les besoins. Notre cerveau peut faire tellement de choses, c’est difficile de se limiter aux émotions et aux besoins. On pourra par la suite réfléchir à des solutions bien sûr ! Mais la première étape est d’être présent seulement aux émotions et aux besoins.

Antonio et Doreen, est-ce que vous avez des choses à ajouter ?

Antonio : je suis le cours depuis 10 ans. Quand j’ai commencé à avoir un copain d’empathie, cela a vraiment changé les choses, et rendu le cours beaucoup plus puissant. Je trouve une différence très importante dans la manière dont j’interagis avec mes proches, ou avec mon copain d’empathie.

Thom : bien sûr, dans la vie de tous les jours, on peut être empathique avec les autres, avec un langage plus simple. Bien sûr le cadre de la pratique d’empathie de ce cours aide à aller plus loin : c’est comme travailler son muscle d’empathie.

Doreen : je voudrais ajouter ceci. Quand on fait cette pratique d’empathie, notre but est d’aider l’autre à mieux se connecter à ses émotions et à ses besoins. Quand on arrive à s’y connecter, cela crée vraiment une ouverture, pour approcher la situation de manière différente, et trouver de nouvelles solutions pour répondre à ses besoins. On peut commencer avec des choses simples : vous pouvez commencer à vous entraîner avec des choses anodines, notamment si vous avez peur de parler de choses les plus importantes.

Thom : oui, commencer par vous muscler et vous entraîner sur des choses faciles, avant d’aller sur les choses les plus difficiles.

Antonio : on ne cherche pas à comprendre mieux pour trouver des solutions pour aider l’autre, mais pour aider l’autre à mieux se comprendre.

Thom : oui, on essaie de trouver le chemin de l’énergie de vie de l’autre, rien d’autre. Et c’est vraiment merveilleux, sacré, de pouvoir trouver cette place qui est commune à tous les êtres humains.

Questions – réponses

Que pensez-vous des situations où des personnes se retrouvent ensemble parce qu’elles ont vécu des choses similaires. Appelleriez-vous cela de l’empathie ?

Thom : oui, il s’agit d’actes d’empathie d’écouter les autres et de pouvoir être écouté. Bien sûr, il peut se passer d’autres choses en plus dans ces groupes.

Doreen : on peut noter qu’il n’est pas nécessaire d’avoir vécu une situation particulière pour apporter de l’empathie à quelqu’un. Car nous avons tous les mêmes besoins, et nous avons tous senti la solitude, la détresse…

J’ai remarqué que j’ai plus de facilité à écouter les autres, et à leur donner de l’empathie qu’à moi-même. Est-ce que cela peut vouloir dire que l’empathie que je donne ne vient pas d’un bon endroit ?

Thom : Merci, très intéressant. L’empathie vient toujours du bon endroit. C’est souvent plus facile de donner de l’empathie à quelqu’un qui n’est pas nous. J’encourage à faire ce qui est plus facile pour vous. C’est pourquoi je commence le cours avec l’empathie pour les autres. Quand on est plus entraîné, on peut se donner de l’empathie pour soi-même. Et un jour on se rend compte, par exemple, qu’on n’a plus envie de se dire qu’on est paresseux, et reconnaître notre besoin d’être efficace. Cela demande de la patience, mais l’auto-empathie finit par arriver.

Antonio : c’est pour cela que les copains d’empathie sont précieux, c’est tellement plus facile et rapide de trouver de l’empathie par l’autre.

On me dit souvent que je suis sur la défensive. J’aimerais voir ce qu’il y a derrière.

Thom : la façon que j’ai de trouver mes émotions et mes besoins est de sentir ce qui se passe dans mon corps. Pour moi, sur la défensive, cela peut signifier que j’ai peur. Pourquoi ? Peut-être parce qu’il y a quelque chose d’important pour moi qui n’est pas perçu… Vous voyez, c’est un exemple, pour montrer comment cela aide d’écouter mon corps, et voir ce qu’il a à me dire.

Comment faire quand notre réservoir d’empathie est vide ?

Thom : la première solution est de faire de l’auto-empathie. La seconde solution est de trouver des copains d’empathie, pour nous aider.

Exercice : se connecter à soi-même

L’exercice est de comprendre ce qu’est l’empathie. L’empathie n’est pas :

  • la sympathie
  • relativiser
  • résoudre
  • comparer, faire de la surenchère
  • se défendre, argumenter
  • analyser
  • rassurer
  • collecter de l’information, interroger
  • changer de sujet
  • éduquer, conseiller

Ne pas être dans l’empathie ne veut pas dire que l’autre n’est pas important pour nous. Ce n’est pas « mal » de faire ce qui est décrit au-dessus, c’est juste que ce n’est pas de l’empathie.

L’idée ici est de comprendre mieux comment nos vieilles habitudes ne sont pas toujours de l’empathie, et peuvent nous empêcher de nous connecter profondément avec les autres.

Exemple :

Thom : j’ai un gros problème, avec mes toilettes. Elles sont bouchées, et c’est un gros problème pour moi, car je n’en ai pas de rechange.

Antonio : j’ai un livre qui donne des conseils pour déboucher les toilettes, tu veux que je te l’envoie ? (éduquer)

Doreen : tu devrais écouter Antonio, il s’y connaît très bien (défendre)

Thom : là je ne sens pas vraiment de connexion. Antonio, je vais être honnête, je ne veux pas de conseil. Je suis juste très frustré et je voudrais de l’empathie

Antonio : c’est ironique. On vit dans un pays qui a l’eau courante, tu devrais être content ! (relativiser)

Doreen : tu es exaspéré et tu voudrais de l’aide ? (ne serait pas de l’empathie : j’ai compris, tu es exaspéré. Ce dont tu as besoin, c’est de l’aide ou de l’écoute)

Thom : je suis exaspéré. Je voudrais de l’écoute, plutôt que de l’aide.

C’est très important de poser des questions, pour créer de l’espace, plutôt qu’apporter des réponses. Essayer de deviner, en laissant réellement la porte ouverte à d’autres réponses, montre en plus à l’autre qu’on est ensemble.

Exercice :

Thom : je suis nerveux à cause de l’eau.

Tu es nerveux car tu as besoin d’eau ? (empathique)

Thom : oui, mais cela va plus loin. C’est une question de sécurité, de vivre dans une maison où je me sens en sécurité.

Thom : je suis très nerveux à cause des problèmes de santé en ce moment. Je suis si confus, est-ce que le covid reprend, ou est terminé ?

Tu as essayé de t’investir dans un groupe politique, pour trouver des solutions ? (conseil : non-empathique)

Thom : j’aurais vraiment besoin de vacances maintenant

Oui, j’ai pris des vacances le mois dernier, c’était vraiment génial.

Doreen (commentaires) : on peut donner de l’empathie sans parler, notamment quand on sent que l’autre se connecte bien à lui-même. On n’essaie pas à tout prix d’intervenir, seulement quand on sent que ce serait utile pour l’autre.

Thom : je reviens de vacances, et je trouve cela dur de me remettre au travail.

Doreen : tu es préoccupé, tu voudrais de l’aide ?

Thom : je suis préoccupé, oui. Pourquoi je ne peux pas me remettre dans ma vie normale, et aller de l’avant…

Doreen : tu aurais besoin de présence ?

Thom : oui, je réalise qu’être présent à ma vie est un besoin très important, auquel je n’avais pas pensé. Oui, et je sens que j’ai de la gratitude…

Doreen : tu es surpris

Thom : oui, j’aimerais vraiment avoir de la perspective là-dessus, cela m’aiderait…

Thom : c’était un bon exemple : laisser faire et donner de place à la curiosité…

Fin de l’exercice

Thom : maintenant je voudrais parler des besoins. Ce sont des impulsions de la vie, que l’on expérimente vraiment, en permanence. Je veux m’en rendre compte, mais plus que cela : avoir une relation avec eux. On nous a souvent appris que ce n’était pas bien, que dans ce cas nous sommes égoïstes, faibles… J’aimerais que l’on expérimente ensemble le besoin de soutien.

Pensons à un moment de notre vie, où l’on a eu besoin de soutien et que quelqu’un était là pour nous : un ami, un étranger… Pendant une minute, revivons ce moment-là, rejouons le film de cet instant dans notre tête. Qu’est que ce nous avons ressenti ? qu’est-ce qui s’est passé dans notre corps, quelles émotions…?

Pensons maintenant à un autre moment de notre vie, où nous avons aidé quelqu’un qui avait besoin de soutien. De la même façon, revivons ce moment pendant une minute. Quelle était l’énergie que nous avons sentie ?

Et maintenant, imaginons que nous sommes le centre de cette énergie de soutien. Cette énergie grandit à partir de nous et s’étend de plus en plus, va toucher les autres. Que se passe-t-il quand cette énergie atteint les autres ? Que font-ils ?

Voici un exemple pour un seul de nos besoins. Cet exemple montre comment on peut se connecter avec le reste du monde par les besoins. Comprendre cela nous permet de nous connecter mieux aux autres, et le monde devient toujours plus beau.

Thom : merci pour avoir participé.

Antonio : sur le forum vous pouvez trouver des informations pour trouver des copains d’empathie, et participer à des cafés d’empathie (pour le groupe français : les informations sur les cafés d’empathie sont envoyées par e-mail chaque mois).

Thom : il n’y a pas d’obligation, chacun peut choisir ce qui lui convient. Les cafés d’empathie sont très bien si vous n’avez pas encore de copain d’empathie, ou ne voulez pas avoir pour l’instant.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *